Mon enfant fait des colères : comprendre pour mieux réagir
- Jeanne Coiffard Psychologue

- 15 oct.
- 5 min de lecture

Introduction
Cet article s’inspire de l’épisode Mon enfant fait des colères de la série Les Recos Psy, diffusée dans mon podcast La psy, c’est pour les fous !. J’y parle de ces moments où tout explose, où nos enfants crient, pleurent, se roulent par terre… et où, parfois, nous, parents, ne savons plus comment réagir.
Pour éclairer ce sujet universel, j’ai écouté trois podcasts qui, chacun à leur manière, apportent une lecture précieuse des émotions enfantines :
Parentalité(s) de Mathilde Bouychou, avec la pédiatre Catherine Gueguen ;
Blooming You d’Amal Dadolle, qui a invité Didier Pleux ;
et J’ai un problème, le podcast de Rebecca Ricchi et Emmanuelle Piquet.
Trois regards complémentaires : les neurosciences affectives, l’autorité éducative, et la prescription paradoxale.
Parentalité(s) – Catherine Gueguen et la lecture neuroscientifique du cerveau des enfants
Dans le podcast Parentalité(s) de Mathilde Bouychou, Catherine Gueguen revient sur les découvertes des neurosciences affectives et sociales et leur application à la parentalité. Elle y explique que le cerveau de l’enfant est encore très immature, particulièrement dans les zones qui régulent les émotions :
“Le cerveau de l’enfant est un cerveau immature, malléable, vulnérable, et il va se développer en fonction de la qualité des relations qu’il vit avec ses parents et les adultes qui l’entourent.”
C’est-à-dire que les colères ne sont pas un signe de provocation, mais le reflet d’un système émotionnel en construction. Comme elle le rappelle :
Quand un enfant est en colère, il ne cherche pas à défier l’adulte, il est dépassé par ses émotions.
Cette vision bouleverse la manière de comprendre la colère : il ne s’agit plus de punir, mais d’accompagner. L’adulte devient co-régulateur émotionnel : sa stabilité et son calme permettent à l’enfant de développer, peu à peu, ses propres capacités d’apaisement.
Pour en savoir plus, Catherine Gueguen a consacré un ouvrage à ce sujet : Heureux d’apprendre à l’école (Les Arènes, 2018), où elle explique comment les émotions influencent la disponibilité cognitive et l’apprentissage.
Blooming You – Didier Pleux et la nécessité d’une autorité éducative
Dans le podcast Blooming You d’Amal Dadolle, le psychologue Didier Pleux aborde un autre aspect : celui du cadre et de l’autorité. Auteur de L’autorité éducative, une urgence (Odile Jacob, 2024), il alerte sur le risque d’une éducation où la peur de frustrer l’enfant finit par le priver de repères.
Il explique :
“Un enfant sans cadre, c’est un enfant anxieux. Ce n’est pas une question d’autorité pour l’autorité, mais de structure sécurisante.”
Pour lui, l’éducation moderne a parfois confondu bienveillance et permissivité :
“Être bienveillant, ce n’est pas tout accepter. C’est poser des limites, avec constance et calme.”
Son message, loin de contredire celui de Catherine Gueguen, le complète : la bienveillance ne suffit pas sans cadre, et l’autorité ne vaut que si elle est exercée avec empathie.
Didier Pleux rappelle que l’enfant a besoin d’un parent repère, capable de dire non sans crier, de contenir sans humilier. C’est cette tension féconde entre empathie et autorité qui permet à l’enfant d’apprendre la tolérance à la frustration.
J’ai un problème – Emmanuelle Piquet et la prescription paradoxale
Enfin, dans le podcast J’ai un problème de Rebecca Ricchi et Emmanuelle Piquet, l’approche est résolument systémique et stratégique. Dans l’épisode consacré à Valentin, un petit garçon sujet à des crises répétées, Emmanuelle Piquet illustre ce qu’elle appelle une tentative de solution à 180° : quand une situation se répète malgré les efforts des parents, il faut faire autrement.
Elle explique :
“Quand on essaie de calmer une colère en disant ‘arrête’, on ajoute de la tension à la tension. Parfois, il faut renverser la vapeur.”
Et plus loin :
Les escalades symétriques donnent rarement de bonnes choses. Si l’enfant crie et que le parent crie aussi, on se retrouve à deux à hurler.
Sa technique repose sur la prescription paradoxale : plutôt que d’interdire la colère, elle propose de la “prescrire”.
Puisqu’il veut crier, autorisons-le à crier, mais dans un cadre défini. Par exemple : ‘Tu peux te mettre en colère ici, pendant deux minutes
Ce renversement crée un effet de surprise et désamorce le rapport de force. La colère n’est plus interdite, elle devient encadrée et reconnue — ce qui en réduit l’intensité.
Trois approches complémentaires pour accompagner les émotions des enfants
Ces trois voix ne disent pas la même chose, mais elles se complètent magnifiquement.
Catherine Gueguen nous aide à comprendre le fonctionnement du cerveau et l’importance du lien émotionnel.
Didier Pleux rappelle que la sécurité intérieure passe par un cadre clair et prévisible.
Et Emmanuelle Piquet nous apprend à accorder de l'importance aux émotions de nos enfants, à les reconnaitre et à sortir du rapport de force en innovant dans la relation.
Ensemble, elles esquissent une posture parentale équilibrée :
accueillir les émotions sans les nier,
poser un cadre sans violence,
réinventer la communication pour apaiser les tensions.
Accompagner un enfant en colère, c’est finalement apprendre à conjuguer empathie, constance et créativité.
Ressources utiles
🎧 Parentalité(s) – épisode avec Catherine Gueguen
🎧 Blooming You – épisode avec Didier Pleux
🎧 J’ai un problème – épisode avec Emmanuelle Piquet
📚 Pour aller plus loin
Gueguen, C. (2018). Heureux d’apprendre à l’école. Les Arènes.
Pleux, D. (2024). L’autorité éducative, une urgence. Odile Jacob.
Piquet, E. (2014). Te laisse pas faire !. Payot.
Pour aller plus loin
👉 Découvrez ma série de podcast Les Recos Psy, dans La psy, c’est pour les fous !, où je présente des œuvres qui offrent un éclairage psychologique sur des thématiques de société.
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FAQ
Pourquoi mon enfant fait-il des colères ?
Parce que son cerveau émotionnel est encore en construction : il n’a pas les outils pour gérer seul la frustration ou la peur.
Comment réagir pendant une crise ?
Rester calme, nommer l’émotion, poser des limites claires et attendre que la tension retombe avant de parler.
Est-ce que la bienveillance exclut l’autorité ?
Non. L’un ne va pas sans l’autre : la bienveillance apaise, l’autorité sécurise.
Et si malgré tout, les colères persistent ?Consulter un psychologue pour enfants peut aider à identifier ce qui se cache derrière ces débordements émotionnels.
Sources
Bouychou, M. (2023). Podcast Parentalité(s), épisode avec Catherine Gueguen.
Gueguen, C. (2018). Heureux d’apprendre à l’école. Paris : Les Arènes.
Dadolle, A. (2024). Podcast Blooming You, épisode avec Didier Pleux.
Pleux, D. (2024). L’autorité éducative, une urgence. Paris : Odile Jacob.
Ricchi, R. & Piquet, E. (2023). Podcast J’ai un problème, épisode avec Valentin.
Piquet, E. (2014). Te laisse pas faire !. Paris : Payot.
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