top of page
  • Facebook
  • Instagram
  • Linkedin
Rechercher

Stéréotypes, préjugés : pourquoi est-ce important de tordre le cou aux idées reçues ?

  • Photo du rédacteur: Jeanne Coiffard Psychologue
    Jeanne Coiffard Psychologue
  • 24 avr.
  • 4 min de lecture

Stéréotypes et préjugés
Stéréotypes et préjugés

Chaque jour, sans même nous en rendre compte, nous classons, étiquetons, jugeons.

La personne croisée en blouse blanche est "sûrement médecin", l’homme qui pleure "trop sensible", celle qui consulte un psy "forcément en détresse".


Ces réflexes mentaux ne sont pas des accidents : ils s’appellent stéréotypes et préjugés.

Et même s’ils nous aident à simplifier notre environnement, ils peuvent devenir des prisons mentales — pour les autres comme pour nous-mêmes.

Alors, que sont-ils vraiment ? Pourquoi existent-ils ? Et en quoi freinent-ils l’accès à la thérapie ?


🌐 Définir : stéréotypes et préjugés, deux concepts distincts


Dans la littérature scientifique, le stéréotype est défini comme un ensemble de croyances concernant les caractéristiques, comportements ou attributs d’un groupe social. Il s’agit d’une catégorisation cognitive, souvent simplificatrice, mais neutre sur le plan affectif.


👉 Exemple : “Les personnes âgées sont lentes” ou “les femmes sont plus empathiques que les hommes”.


En revanche, le préjugé est une attitude émotionnelle, souvent négative, à l’encontre d’un individu en fonction de son appartenance à un groupe. Il comporte une valence affective forte — attirance ou rejet — et prédispose au comportement discriminatoire.


👉 Exemple : “Je n’aime pas les gens tatoués” ou “je me méfie des jeunes en jogging”.

Ainsi, les stéréotypes relèvent du domaine de la connaissance, tandis que les préjugés relèvent du jugement affectif. Et bien qu’ils soient distincts, les préjugés s’appuient toujours sur des stéréotypes pour exister

1. 🧠 Pourquoi ces idées toutes faites nous sont (parfois) utiles


Du point de vue cognitif, notre cerveau a besoin de catégoriser l’information pour survivre. Dans un monde complexe, les stéréotypes jouent un rôle économique et adaptatif : ils permettent de classer rapidement une personne ou une situation et d’adopter un comportement adapté, ou supposé tel.


👉 Par exemple, reconnaître une blouse blanche dans un hôpital active automatiquement des représentations : professionnalisme, autorité, sécurité. Inversement, un visage triste peut activer le stéréotype de quelqu’un en dépression, même sans preuve directe.


Selon les recherches de Hilton et von Hippel (1996), les stéréotypes fonctionnent comme des "théories naïves" : ils comblent les vides de notre compréhension sociale par des généralisations.

Philosophiquement, on pourrait dire qu’ils apportent du sens là où l’inconnu génère de l’angoisse.


2. 🛑 Quand les stéréotypes deviennent des obstacles : danger pour la relation thérapeutique


Mais ces raccourcis mentaux ont un revers. Lorsqu’ils s’ancrent, ils deviennent rigides, caricaturaux, et empêchent la rencontre véritable.


Dans le champ de la santé mentale, ils peuvent retarder ou bloquer l’accès à la thérapie.

💬 “La psy, c’est pour les fous.”

💬 “Un homme ne va pas chez le psy, il serre les dents.”

💬 “Une psy femme sera plus douce.”


Ces croyances véhiculent des normes sociales qui conditionnent nos comportements : elles jugent avant de comprendre, ferment avant de questionner.


Comme l’écrit Allport, les préjugés sont des attitudes négatives rigides reposant sur une exagération erronée. En d’autres termes, ce sont des prisons pour la pensée, et parfois pour les émotions.


Dans la relation thérapeutique, ces idées reçues peuvent :

  • dissuader une personne de consulter,

  • induire des attentes irréalistes envers le thérapeute,

  • provoquer des malentendus dans l’alliance thérapeutique.


3. 🧩 Peut-on s’en défaire ? Difficilement… mais on peut les questionner


Lutter contre les stéréotypes ne signifie pas les éradiquer (ce serait illusoire), mais les rendre visibles et les déconstruire.


Comme le dit Augoustinos (1994), leur contenu varie en fonction du niveau de préjugé de chacun : ce n’est donc pas une fatalité, mais un réflexe que l’on peut travailler


Il ne s’agit pas de nier les différences entre les individus ou les groupes, mais de ne plus les essentialiser, c’est-à-dire les figer dans une définition unique. C’est là que l’éducation, le contact intergroupe et l’introspection personnelle peuvent jouer un rôle.


👉 Cultiver l’esprit critique, c’est commencer par se demander :

“Sur quoi je me base pour penser cela ?”

“Est-ce que cette idée m’appartient ou vient-elle de mon environnement culturel ou social ?”


🎧 En parler, c’est déjà commencer à déconstruire


Dans le premier épisode de mon podcast, intitulé « La psy, c’est pour les fous ? », j’ai voulu donner la parole à celles et ceux que l’on entend rarement : des personnes qui ont eu peur d’aller voir un psy, ou qui ont eu des idées préconçues… avant de changer d’avis (je l'espère)


🎙️ À travers leurs mots, leurs doutes, leurs déclics, on comprend à quel point les stéréotypes empêchent la rencontre avec soi-même autant qu’avec l’autre.


Et dans chaque épisode suivant, je continue de démonter une à une les idées reçues sur le monde de la psy :le silence du psy, la formation, les conditions de travail, la féminisation du métier…

Parce que comprendre, c’est déjà transformer.


Pour aller plus loin :

📖 Légal, J.-B., & Delouvée, S. (2021). Définitions, exemples et mesures des stéréotypes et des préjugés. Dans Stéréotypes, préjugés et discriminations (3e éd., chap. 1). Dunod.

📖 Légal, J.-B., & Delouvée, S. (2021). Peut-on lutter contre les stéréotypes, les préjugés et la discrimination ? Dans Stéréotypes, préjugés et discriminations (3e éd., chap. 4). Dunod.


🎧 La psy, c'est pour les fous! — Écouter ici


🎧 Psydées reçues, le podcast de @marion.hzn qui démonte avec finesse les clichés sur les psys et la thérapie — Écouter ici


📍 Et si vous vous sentez freiné·e par des idées reçues, ou que vous hésitez à entamer une thérapie, je propose des Consultations d’Orientation Thérapeutique (COT) pour vous aider à y voir plus clair.

👉 Plus d’infos sur www.jeannecoiffard.com




 
 
 

Comments


bottom of page