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La neutralité bienveillante: boussole du psy ou illusion dangereuse ?

  • Photo du rédacteur: Jeanne Coiffard Psychologue
    Jeanne Coiffard Psychologue
  • 23 avr.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 mai



1. La neutralité bienveillante : le gage d’un cadre thérapeutique sécurisant ?


Apparue dans le champ psychanalytique, la notion de neutralité bienveillante est largement considérée comme un pilier de la posture clinique. Définie comme une attitude d’écoute réceptive et non jugeante, elle vise à garantir un espace sécurisé, où le patient peut déposer ses affects sans craindre d’être interprété hâtivement, jugé ou influencé.


Historiquement, Freud recommandait une posture « comme un récepteur téléphonique», détachée et disponible, favorisant l’attention flottante et empêchant les projections personnelles de l’analyste de venir perturber le transfert…. Plus tard, André Green et Winnicott ont enrichi la notion, soulignant son rôle protecteur et son lien avec une forme de réceptivité compréhensive.


Dans cette optique, la neutralité bienveillante :

  • évite les jugements et suggestions qui pourraient induire le patient ;

  • protège l’espace thérapeutique en maintenant un cadre constant ;

  • soutient l’émergence du transfert, pierre angulaire du travail analytique.


2. La neutralité bienveillante est-elle seulement possible ?


Mais peut-on réellement être neutre ?


Plusieurs auteurs et praticiens remettent en cause cette idée, la qualifiant parfois d’illusion technique ou idéologique.


Dans La neutralité à l’épreuve de la clinique au quotidien, Marie-France Dispaux montre combien le contre-transfert et les résonances affectives rendent impossible une neutralité absolue. Elle parle d’un "écart intérieur" à maintenir, plutôt qu’une indifférence froide. Paul Israël va dans le même sens, évoquant un « contre-transfert bien tempéré» plutôt qu’une neutralité pure. Dans certains cas, notamment face à des patients en grande détresse, ou dans des situations de traumatismes complexes (comme les exils, la torture ou les violences sexuelles), cette posture peut même s’avérer contre-productive voire violente :

  • Elle peut renforcer la dissociation ou le sentiment d’abandon chez le patient ;

  • Elle peut empêcher le thérapeute de s’engager humainement dans des situations où le besoin de validation, d'écoute ou de reconnaissance est crucial.


C’est ce que souligne le podcast Inventer une thérapie féministe de Charlotte Bienaimé, où des thérapeutes dénoncent une posture parfois silencieuse, opaque ou neutralisante, notamment avec des femmes victimes de violences, pour qui un positionnement clair est nécessaire .


La thérapie narrative offre d’ailleurs un autre modèle, fondé sur la "déclosion" : le thérapeute peut ici partager ses propres ressentis, s’impliquer, tout en respectant le cadre. Cette approche valorise l’authenticité, la co-construction du sens, et remet en question la hiérarchie implicite entre "celui qui sait" (le thérapeute) et "celui qui subit" (le patient).


3. Et si c'était une question de contexte ?


En réalité, ce débat n’oppose pas deux visions irréconciliables, mais éclaire la nécessité d’adapter la posture thérapeutique au contexte et à la singularité de chaque situation. Il s’agirait moins de défendre une neutralité idéale que de chercher un juste positionnement relationnel, qui conjugue :

  • cadre éthique (éviter l’influence, garantir un espace sécurisé),

  • humanité partagée (oser être touché, parfois même se montrer),

  • souplesse clinique (ajuster sa posture selon les besoins du patient).

C’est ce qu’on retrouve dans la notion de « neutralité active », ou dans l’approche narrative où la résonance émotionnelle devient un outil de compréhension, et parfois même de partage explicite, dans un processus de "déclosion" respectueuse.


Pour aller plus loin

Et vous ?

Préférez-vous un psy neutre ou engagé ?

Est-ce que le silence vous apaise… ou vous inquiète ?

Si vous vous posez ces questions ou cherchez le bon accompagnement, mes consultations d’orientation thérapeutique (COT) peuvent vous aider à y voir plus clair.


 
 
 

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