Mon ado ne va pas bien: Comprendre et accompagner la souffrance adolescente
- Jeanne Coiffard Psychologue
- il y a 2 jours
- 4 min de lecture

Mon ado ne va pas bien : comprendre les signes de souffrance adolescente et les pistes d’aide pour les accompagner
Introduction
On a tous entendu un jour : “C’est l’adolescence, ça va passer.” Mais quand un ado ne va pas bien – vraiment pas bien – ce n’est pas un caprice, pas une question d’hormones, pas un simple “passage compliqué”.
C’est une souffrance.
Tantôt silencieuse, tantôt bruyante.
Parfois visible, souvent invisible.
Dans cet épisode des Recos Psy, je suis partie d’une œuvre littéraire – Les Heures fragiles de Virginie Grimaldi – parce que la fiction a parfois cette force : elle met des mots là où la vie nous laisse sans voix.
À travers l’histoire de Lou, adolescente en grande détresse, le roman ouvre une fenêtre sur le vécu de nombreux jeunes aujourd'hui.
Et si on s’en inspirait pour mieux comprendre ce qui se joue derrière un “ça va pas” ?
Lou, héroïne de Grimaldi : un miroir de la souffrance adolescente
Dans Les Heures fragiles, Lou ne va pas bien.
Pour sa mère, Diane, tout devient inquiétude
Grimaldi décrit avec justesse cette ambivalence que vivent de nombreux jeunes : un gouffre intérieur et, en même temps, cette incapacité à dire pourquoi.
L’adolescence confronte les jeunes à :
un corps qui change trop vite,
une identité qui se cherche,
des émotions qui débordent,
une pression sociale et scolaire omniprésente,
des relations familiales parfois bancales,
et un cerveau en pleine reconstruction.
Lou, dans son chaos, ressemble donc à tellement d’ados d’aujourd’hui.
Pas “ingrates”, pas “provocantes”, mais submergées.
Quand le mal-être devient trop lourd
Il est difficile pour les parents de distinguer :
la souffrance “normale” de l’adolescence,
d’une détresse psychique profonde.
Ce qui doit alerter ?
une rupture brutale avec les habitudes ;
un désinvestissement scolaire massif ;
un isolement social ;
des douleurs physiques inexpliquées ;
la perte de plaisir ;
des propos dévalorisants, voire des idées noires ;
un changement de comportement soudain.
Parce que non, la souffrance psychique ne s’exprime pas toujours par des mots. Chez les adolescents, elle passe souvent par le corps, les comportements, les actes manqués, la fuite.
Et pour les parents ?
C’est le sentiment d’impuissance qui domine.
La peur aussi.
Et bien souvent aussi la culpabilité.
Le rôle des parents : guider sans envahir
Quand un ado va mal, les parents oscillent entre :
vouloir “sauver”,
vouloir contrôler,
vouloir comprendre,
vouloir secouer.
Parce qu’un ado mal fait face à un paradoxe :il veut qu’on le laisse tranquille, mais il a besoin qu’on reste proche.
L’équilibre est subtil :être présent sans être oppressant, accueillir sans juger, nommer sans minimiser.
La première aide qu’un parent peut offrir, c’est de rester un pilier émotionnel.
Les séjours thérapeutiques : une aide précieuse quand le quotidien ne suffit plus
Dans certains cas, les séjours thérapeutiques peuvent devenir une ressource précieuse lorsque :
l’ado ne peut plus suivre le rythme scolaire,
la vie quotidienne devient source d’angoisse,
le climat familial est trop tendu pour que l’aide soit efficace,
ou que l’ado a besoin d’un espace tiers neutre et sécurisé.
Ces séjours ne sont ni des “punitions” ni des “sanctions”. Ils ne sont pas non plus des “hôpitaux psy déguisés”.
Ce sont des lieux d’accompagnement où des professionnels (psychiatres, psychologues, éducateurs, infirmiers) travaillent sur :
la réassurance,
la reprise de confiance,
la stabilisation émotionnelle,
les relations avec les pairs,
la redynamisation du quotidien.
Ils permettent une pause dans l’environnement habituel pour donner à l’adolescent un espace pour souffler, réfléchir, se reconnecter à lui-même.
Tu rappelles avec justesse dans l’épisode qu’ils ne sont pas une cure miracle, mais une aide possible, un sas de décompression pour adolescent en souffrance.
Thérapie brève stratégique : une autre manière d’accompagner
Pour être sûre de bien saisir les réalités et les enjeux de cette période de vie, Virginie Grimaldi a demandé conseil à Emmanuelle Piquet, qui propose une approche différente : la thérapie brève stratégique. Elle s’appuie sur les “tentatives de solutions”, ces comportements répétitifs qui entretiennent sans le vouloir le problème.
Pour elle, il ne s’agit pas de “comprendre pourquoi”, mais de regarder “comment” :
comment l’ado réagit ?
comment la famille répond ?
comment ces interactions s’emmêlent ?
La prescription paradoxale, par exemple, consiste parfois à inviter l’adolescent à faire plus de ce qu’il fait déjà — mais dans un cadre précis, accompagné, observé. Une manière de désamorcer les luttes de pouvoir.
Tu insistes : ce n’est pas une recette magique, mais une perspective utile quand tout semble bloqué.
Conclusion : mettre des mots avant que le corps crie
Un ado qui ne va pas bien n’est pas “paresseux”, “ingrat” ou “ingérable”.
C’est souvent un jeune qui ne trouve plus les mots pour dire ce qui déborde.
Il n’a pas besoin qu’on lui dise :“Ça va passer.” Il a besoin qu’on lui dise : “Je suis là.”
Parce que ce que l’adolescent cherche, dans sa douleur, c’est une chose simple mais essentielle : être rejoint.
Pour aller plus loin
🎧 Écoutez l’épisode Mon ado ne va pas bien dans Les Recos Psy, au sein de mon podcast La psy, c’est pour les fous !.
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Sources
Grimaldi, V. (2024). Les heures fragiles. Paris : Fayard.
Piquet, E. (2017). Mon ado, ma bataille: comment apaiser la relation avec nos adolescents . Payot.
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